lundi 18 octobre 2010

SICILE'2010-J10-samedi 16 octobre — SANTA VENERINA-ORLÉANS

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Ce samedi est le dernier jour que nous passerons en Sicile. Réveil hâtif, il est 7 h 30, rangement expéditif puis rapide petit déjeuner dans une ambiance de départ un peu précipité. L'ambulance arrive avec une demi-heure d'avance. Nous avons le temps de saluer non hôtes et de recevoir en cadeau le très bel album  de photographies réalisé par Emmanuele Scammacca. Adieu beau domaine accueillant...

Nous arrivons à l'aéroport de Catane vers 10 heures. Notre chauffeur ambulancier veille sur nous jusqu'à l'enregistrement de nos bagages. L'avion décolle à 12 h 30, moins de trois heures plus tard nous atterrissons, il fait 15 degrés de moins qu'en Sicile, cela surprend. Le comité d'accueil d'Europ Assitance est composé de trois personnes : deux ambulanciers et un chauffeur qui ramènera la Clio à Orléans  ! 18 h 15, nous ouvrons la porte de notre appartement, heureux de retrouver nos pénates.  

Superbe Sicile, Arrivederci ! Même si notre séjour  fut gâché par ce malheureux incident, nous projetons déjà de te revoir ! de revenir à la Tenuta San Michele de Santa Venerina ; nous visiterons la côte Est de ta grande île. Nous pourrons nous approcher de l'Etna qui nous a surplombés durant notre séjour dans le vignoble ; même si  ce redoutable volcan était souvent masqué par des nuages, nous aimions son imposante  masse noire de lave. Nous irons voir tes îles Lipari, Taormine, Catane et nous reverrons Syracuse, ses ruines antiques, son  musée archéologique… Que de rêves nous faisons déjà ! Nous irons vers Raguse, Noto, Enna, entrerons dans la Villa Romana del Casale à Piazza Armerina. Nous te retrouverons, belle TRINACRIA si les Augures nous sont favorables et bienveillants.
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SICILE'2010-J9-vendredi 15 octobre — SANTA VENERINA

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Au réveil, mon pied est encore douloureux, je me traîne avec ma sorte de botte (attelle). Je ne bougerai pas beaucoup ce vendredi, mon seul objectif est de savoir quand nous repartirons. Mon correspondant à Europ Assistance à changé, celui-ci parle très bien français mais avec un petit accent qui me semble être italien. Son discours est très différent de ceux de son prédécesseur et des médecins avec qui j'ai pu parler. Nous avons très vite des prises de becs ; il prévoit que notre départ de Sicile n'aura lieu que lundi prochain. Je vous passe les nombreuses péripéties qui m'indiquent qu'il veut surtout ne prendre aucun risque et qu'en conséquence il suscite chez le client (moi dans le cas présent) des craintes en prévoyant des catastrophes (phlébite…). Heureusement le correspondant de la veille reprend du service et, en accord avec le médecin, notre départ est programmé pour demain samedi depuis l'aéroport de Catane grâce un vol direct vers Roissy-CdG.

Marie-Hélène se promène dans le vignoble, dont je fais quelques photos (cette fois-ci en regardant où je mets les pieds). La journée passe. Agréable repas le soir au restaurant. Le site web du domaine, joliment réalisé est accessible en italien et en anglais. Une seule différence avec ce que nous voyons : la couleur du ciel, le bleu fut bien rare…
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vendredi 15 octobre 2010

SICILE'2010-J8-jeudi 14 octobre — SANTA VENERINA


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Nous quittons notre cinq étoiles de Syracuse. C’est un excellent hôtel de grand luxe, le personnel est souvent  sympathique mais l’ensemble reste froid, grand, impersonnel. Je n’ai pas eu d’internet, ce qui explique que les derniers billets de ce blog ont été mis en ligne ce vendredi 15 seulement.L’internet est annoncé dans la présentation de l’hôtel par WiFi  normalement ! no problem !  mais… car il y a un mais : il nous faudrait un abonnement téléphonique à Vodafone. Vraiment, il n’y a pas de petits profits chez ces gens là…

Je me remets au poste de pilotage de la Panda. Nous passons par l’hôpital de Syracuse, mais nous  trouvons le Pronto soccorso soit l’espace réservé aux urgences, terriblement encombré. Alors j’opte pour une ville plus petite et nous filons vers le nord. Nous allons directement à Santa  Venerina, distant de moins de cent kilomètres de Syracuse.

Rapidement, grâce à l’autoroute, nous trouvons notre gîte dans le secteur de l’agriturismo, avec l’aide du GPS de mon iPhone : CoPilot Live - Italia - 19,90 €, un prix cadeau (par rapport à Tomtom que j’utilise en France) et une providence pour un voyage en Sicile.

Nous sommes logés dans une grande propriété vinicole située sur le flanc Est de l’Etna entre Catane et Taormina. Elle s’appelle la Tenuta San Michele. C’est un grand domaine couvert de vignobles roussis qui encerclent de belles maisons aux tons ocrés, ça et là éparpillées et servant d’hôtels aux résidents. Au vu de ma marche cahotique, les gens de l’accueil, extrêmement compréhensifs et diligents, nous procurent une chambre qui m’est  accessible malgré la hauteur car ici tout est bâti à flanc de côteau d’où des volées de marches un peu partout. Notre appartement original et gai est composé de deux pièces dont l’une n’est accessible que par un escalier très raide. Je ne tenterai pas l’ascension. Ici, nous nous sentons comme dans une grande  maison commune très vivante  avec cuisine, salle-bibliothèque où l’on sert  le petit déjeuner dans un ambiance bon enfant. 

 
Le domaine vinicole et l’hôtellerie sont tenus par les membres  de la famille “de Murgo“. Ils savent vous accueillir très aimablement et  parlent français pour la plupart d’entre eux  Ils mettent à notre disposition l’une de leurs nièces, Gwendolina, jeune femme pétillante  et virevoltante,mi-sicilienne, mi-romaine, menue et de petit format. Elle s’empare du  volant de notre Panda et nous conduit  avec maestria au “pronto soccorso” de l’hôpital de Giarre.



Nous  allons attendre longuement en sa compagnie. Comme elle ne parle que l’italien, ma femme, soudainement ravie, oublie quelque peu les désagréments qui s’annoncent. Nous sommes dans une petite unité hospitalière mais le  temps s’écoule lentement au milieu de gens inquiets mais  communicatifs et volubiles  qui tentent de passer les uns avant les autres comme si c’était la chose la plus naturelle ! Ainsi un père de famille s’impose d’autorité traînant son fils par sa main bandée. Une infirmière barre le chemin menant à la femme médecin qui consulte et oriente les candidats dans les services. Gwendalina veille au grain, se bat efficacement et après 3/4 d’heure d’attente, période durant laquelle on donne dans la conversation entre voisins, un simple regard au laser de l’infirmière penchée  sur mon pied, m’ouvre la voie du service de radiologie. Installé sur mon trône à roulettes,  véhiculé par mes deux infirmières personnelles, j’arrive dans le service  où je suis rapidement hissé sur le table de radiographie. Après  sept clichés,  le verdict tombe : fracture ! Direction le service “orthopédie et traumatologie” où un dottore me donne la médication suivante : une attelle (Tutore Walker articulato), car le traumatisme est trop important pour que l’on plâtre mon pied sur le champ. Pour contrer le risque de phlébite, éventuellement aggravé par l’avion, il me faudra l’injection de quelques  piqûres qui aideront à la fluidification du sang. 

Sur le domaine San Michele, le vin coule en dégustations quotidiennes et la langue française semble appréciée de tous ! San Michele (13 via Zafferana à Santa Venerina, voir : 1 et 2). Cette propriété viticole appartient au Baron Emanuele Scammacca del Murgo et  produit des vins du terroir ainsi qu’un vin spumante (mousseux). Il  est possible de déguster les vins et  de visiter les caves  guidée par Gwendi ! Elle est sur tous les fronts !  Le baron, ancien diplomate, parle notre langue avec élégance, tout comme son épouse qui nous a accompagnés en ville de Giarre pour acheter mon attelle. Les deux fils parlent aussi un  français correct : l’un est marié à une charmante wallonne. On les sent tous concernés par le bon fonctionnement de leur commerce tant hôtelier que viticole.

La disponiblité et la gentillesse de Gwendi nous ont séduits. Nous l’invitons  à notre table qu’elle animera d’une conversation soutenue avec Marie-Hélène. Nous dégustons quelques antipastis puis un premier plat de pâtes et un très savoureux rôti de veau aux petits poix. Au dessert, nous goûtons un Tiramisu au mascarpone allégé, sans oublier des fruits mis à disposition sur la table du buffet. Vue sur les côteaux illuminés, vins du terroir, café, que demander de plus ?

Je marche beaucoup mieux avec le soutien de ma  gambaletta. Je désire un rapatriement rapide et prends contact téléphonique à plusieurs reprises avec  Europ’Assitance. Atienza !
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SICILE'2010-J7-mercredi 13 octobre — SYRACUSE (2)

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Nuit de douleur. Au réveil, je décide d’appeler "Europ Assistance" car je veux connaître la marche à suivre pour être soigné ou rapatrié ? Il faut aller à l’hôpital. Et puis… miracolo ! lorsque je descends prendre le  petit déjeuner, je m'aperçois que j'ai moins mal. Je renonce alors aux services de  l’hôpital, croyant à une foulure sans gravité.

Le matin, Marie-Hélène fait grise mine : son amie Françoise vient de mourir elle ne pourra assister à son enterrement) et son Claude est en mauvais état. Pour se détendre et réfléchir, elle marche en Ortigie : la promenade du front de mer offre un magnifique spectacle ; tout est calme ; la mer roule ses vagues dans un bruit apaisant. À son retour, je décide de quitter l'hôtel. Alors, tous les deux à pedibus, nous avançons cahin-caha vers le temple d’Apollon situé au loin, à l’autre bout de l’île. Je traîne ma jambe qui se révolte mais je marche. Ce qu'il reste du temple nous parle peu ; rien à voir avec les édifices antiques récemment visités. Notre humeur est morose, je souffre et je râle après tout, mettant la patience de mon épouse à rude épreuve ! Mais elles est stoïque ! nous mettons un temps fou à trouver un bus qui finit par nous ramener à l'hôtel.

Après-midi  de lecture et d'écriture dans la chambre. Le soir, impossible pour moi de marcher jusqu'au Dom Camillo, restaurant  du centre-ville où nous avions projeté de dîner. Nous commençons une marche éprouvante et sur la place du Duomo, nous remarquons un restaurant qui nous semble “classy” :  le voir c’est l’adopter “revenez à huit heures…” : pause-apéro à la terrasse face au Duomo (lieu de toutes les… chutes), descente dans une cave (pardon une écurie) du XIVe siècle à l'esthétique chicisssime, modernité voulue qui nous plonge dans une atmosphère spectrale où les noirs répondent aux blancs dans un éclairage diffus ! Festin au tombeau ! Nous ne trouvons rien à redire.  


Le menu "Archimède fish" composé de 5 plats pour 50 € est excellent malgré quelques fautes de goût : le deuxième plat de pâtes ressemble trop au premier  en moins réussi quant au dessert à la ricotta, il n’est pas à notre goût. Mais nous faisons honneur au superbe octopus, aux pâtes mêlées de fruits de mer et quels poissons ! parfaitement cuits et finement relevés d’une sauce un peu caramélisée, un délice !

Retour "bringueba lent" à l’hôtel ! Le pire est à venir ! 

SICILE'2010-J6-mardi 12 octobre — SYRACUSE





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Après un copieux et tardif petit déjeuner dont la diversité se veut à la hauteur du nombre d’étoiles détenu par l’établissement, je pars seul, faire un premier petit tour d’Ortigie. 

Sainte Lucie, église baroquissime m’accueille avec en prime, un tableau peu connu du Caravage : “La mise en  terre de Sainte Lucie", clair obscur pour l'ambiance  et forte musculature masculine qui s'impose en premier plan. Pendant ce temps,  mon “autorité supérieure“, écrit des cartes postales, benoîtement installée dans la " chambre avec vue"  ! 

Puis, je m’introduis dans le Duomo, temple d’Athéna transformé en Cathédrale [style baroco-dorien (sic)]. Son imposante masse ne peut qu’impressionner. Est-ce pour cette raison qu’en sortant, je loupe la dernière marche des degrés du parvis ? patatras : je me “ramasse” et me relève avec une forte douleur au pied gauche due à la vilaine torsion qu’il vient de subir. Deux heures plus tard, je suis allongé, mon pied dans un sac rempli de glace aimablement fourni par l’hôtel ; j’attends l’heure de l’ouverture de la pharmacie (à 16 heures, l'on me conseillera sans doute du Nifluril, comme quand je jouais au football…) me voilà sans grand espoir de pouvoir marcher, à mon aise, dans les jours à venir. 

L’après-midi est mou, mon pied douloureux ; après 16 heures, aidé par mon épouse, je me lève et me traîne jusqu’à la pharmacie. Constat de la pharmacienne :  pas de fracture puisque les orteils bougent, pommade et bandage de rigueur. J’attends au café du Duomo pendant que Marie-Hélène le  visite et s’intéresse au tableau du Caravage “Seppelimento di Lucia“. L’on ne peut qu’apprécier le fond de musique baroque qui ajoute à l’émotion ressentie devant l’un des premiers tableaux de Michelangelo Merisi dit il “Carvaggio". ( l'un des premiers faits en Sicile après une carrière déjà rich et mouvementée) .Pénible retour à L’hôtel tout proche où mon infirmière personnelle me délivre les premiers soins.

Le soir, nous dînons dans la gargotte la plus proche, face à la mer (invisible, car le soleil s'éteint vers 18 h 30). Nous regrettons amèrement la Locanda Mastrarua de la veille. Moral en berne, nous commençons à parler de rapatriement sanitaire… en souhaitant que la  nuit soit réconfortante et que Santa Lucia me redonne le pied gaillard ! 

Les miracles existent ! 
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SICILE'2010-J5-lundi 11 octobre — AGRIGENTE

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Réveil tardif, un effet de l’orage d’hier ? Un peu bousculés, nous atterrissons dans la véranda-salle à manger de l’hôtel à 9 heures pour prendre le petit déjeuner classique en hôtel sicilien : viennoiseries, jambon, pain, fruits, gâteaux, beaucoup de breuvages dont un café médiocre. Il faut demander un “stretto” ou un “lungo” que les serveurs fabriquent à la machine du bar. Les croissants contiennent de la confiture. Les ours aiment ça ! ! Puis, après avoir réglé les comptes auprès d’une accorte et plantureuse brune, nous quittons notre hôtel pour la “Vallée des Temples”. Le ciel est clair, l’atmosphère rafraîchie. 

Nous préférons pénétrer dans cette Vallée par une entrée secondaire, celle du temple de Junon. Nous allons effectuer dans ce parc archéologique une visite de plus trois heures : un ravissement !  nous rencontrons d’abord  un couple de  Danois connus à Erice puis les luxembourgeois, vieilles connaissances, maintenant  ! nous échangeons nos adresses emails. Vedremo ! 

D’Est en Ouest :
  • nous longeons le temple de Junon Lacinienne : 25 de ses 38 colonnes sont toujours fièrement érigées et l’architrave est en place. 
  • nous passons devant le temple de la Concorde, le mieux conservé peut-être de toute l’Antiquité, 
  • puis devant le temple  d’Hercule, le plus ancien, réalisé à la fin du VIe siècle : il compte encore 8 colonnes superbement dressées.
  • voici le temple de Jupiter Olympien, le plus grand, dont les impressionnants degrés sont entourés d’un extraordiaire chaos de gros cailloux destinés, sans doute, à rester ainsi amoncelés. 
  • enfin, à l’ouest, côte à côte, voisinent le sanctuaire des divinités chtoniennes (Demeter et Corée) Tout près, voici les vestiges du temple de Castor et Pollux. 
Notons que ces temples sont tous d’ordre dorique. 

Après quelque difficulté à nous extraire d’Agrigente, nous  prenons la route du Nord, vers Caltanissetta que nous contournons pour rejoindre l’autoroute  Palerme - Catane (contrairement aux autoroutes italiennes, les siciliennes  sont gratuites). À l’approche de Catane, nous bifurquons vers le Sud et grâce à une route à quatre voies,  atteignons Syracuse, la cité magique de la Fontaine d'Aréthuse! 

Il nous reste à trouver l’Hôtel des Étrangers, situé dans l'île d'Ortigia, dans la zone ZTL 0-24,  zone à circulation limitée à laquelle seuls les résidents ont accès. Nous parvenons à l’hôtel qui affiche ses  cinq étoiles. Le personnel  me fournit rapidement  une carte qui  me permettra de stationner à Ortigie, moyennant une empreinte de ma carte bleue. Agréable  appartement spacieux  face à la mer: une grande  chambre s'ouvre sur une plus petite faisant office de salon. La baignoire à remous me tentera.  (Directours m’avait averti, juste avant notre départ, que l’hôtel prévu étant complet, nous aurions le bénéfice d’un autre, de classe supérieure. Bellissimo !)

Le soir,  guide du Routard en main nous traversons l’île (environ 400 m.) par la jolie via Maestranza. Nous festoyons à la Locanda Mastrarua et ce faisant, prenons langue avec des américains de Boston qui s'essayent à  retrouver leur français appris dans le passé. Les ruelles que nous parcourons  au retour sont bien éclairées, les balcons ventrus à souhait et les sculptures agrémentent les facades qui rivalisent de beauté. C’est un enchantement ! la  fontaine d’Aréthuse  regorge de papyrus où s’abritent de beaux canards blancs ! Çà caquette sous le ciel de lune ! 
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SICILE'2010-J4-dimanche 10 octobre — MONREALE & SELINONTE

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Au programme de la journée: la cathédrale de Monreale et le parc archéologique de Sélinonte. L’église est à trois kilomètres de l’hôtel Baglio Conca d’Oro que nous quittons provisoirement puisque nous pensons y revenir,  samedi prochain,  pour passer notre dernière nuit en terre sicilienne.
Nous  empruntons  un long escalier qui nous permet d'accéder au parvis du saint Lieu. L'extérieur du Duomo n'est pas particulièrement marquant bien qu'il ait belle allure avec sa façade tapissant le fond d'une place aérée, déjà pleine de touristes avançant en cascades fatigués. Nous entrons dans l'édifice renommé pour contempler les mosaïques byzantines. Bien que nous ayons déjà vu maints chefs-d'œuvres de l'art byzantin, ne serait-ce qu'à Venise ou à Ravenne, nous avons conscience d'être face à un ensemble exceptionnel.


L’église ruisselle d’éclats dorés qui suintent doucement des murs. Il faut un temps d’accommodation pour que l’œil discerne les figures représentées. Le Pantocrator trône en majesté dominant le vaisseau ecclésial de son omniprésence : il occupe tout l’espace, au fond de l’abside. La position un peu contournée de sa main bénissante fascine par sa grande délicatesse d’exécution. Il est difficile d’échapper à son regard magistral et lointain. Comme un metteur en scène, il semble  veiller sur le déroulement des séquences  de l’Histoire Sainte qui  déroulent  leurs péripéties sur les parois  de la grande nef animée. Ainsi s’étagent les scènes de L’Ancien et du Nouveau Testament. L’épopée de Noé est remarquablement lisible et... saisissante la façon dont l’arche est posée entre deux pics du Mont Ararat. Saisissant aussi, le vigoureux  coup  de genou de l’Ange courroucé, chassant Adam et Ève du Paradis terrestre, tous deux, fuyant comme de pauvres hère, vêtus de peaux de bêtes. Les plis des longues robes angéliques s’envolent  dans un savant jeu de pieds dansants et les ailes frémissent  sur des fonds colorés. L’on se sent à la fois hissés dans les hauteurs célestes et empêtrés dans notre lourdeur terrestre. Le temps est suspendu et  seul dans la foule, happé par le tourbillon statique d’une lumière enveloppante qui nous grise. Les étoiles se multipient dans ce fourmillement de mosaïques. Il me semble retrouver les notes heureses du chant de Dante Alighieri  quand il pénétra dans la rosace du Paradis  et que son rire sonna en éclats portés par   les vagues de la  lumière divine. 

Un peu étourdis comme  pris de vertige,  nous passons  dans le cloître , lui aussi admirable avec ses colonnes géminées, souvent incrustées d’éclats de  mosaïques, appétissants comme les délicates pâtisseries siciliennes. Les chapiteaux  historiés nous montrent des figures tout en finesse. Une  fontaine dans un angle du cloître  fait entendre le doux bruissement de l’eau perlant de la gueule de douze lionceaux miniatures qui couronnent le faîte d’une colonne de pierre sombre. Le charme paisible de l’espace  conventuel  opère une fois de plus. Nous sommes dans l’antichambre du Paradis que nous venons de quitter. 

À midi, nous arrivons à Sélinonte et acceptons l’une des petites voitures électriques nous sont proposées à l’entrée, pour 12 € par personne. Nous serons ainsi  véhiculés vers les trois zones principales des fouilles. À l’usage, nous constatons que ce mode transport silencieux et trépidant (à cause de l’état de la piste) nous permet  de voir toute les fouilles sans fatigue et de parcourir ainsi plus de cinq kilomètres. Ce qui ne nous empêchera pas d'arpenter  à pied les sites archéologiques, une fois déposés devant les différents temples.  

Deux découvertes majeures : le premier temple qui nous avons vu, le temple E est le mieux conservé. Remonté il y a une cinquantaine d’années, il s’impose par sa grande taille. La couleur de ses pierres est admirable, ses tons ocres éclairent le gris du ciel nuageux. Tout près, des chaos de colonnes brisées étalent leurs tambours; des  pièces d’entablement jonchent les degrés encore en place. La seconde découverte nous mène aux  remparts de la ville : 4,5 mètres d’épaisseur avec deux tours et des fossés artificiels. La qualité des blocs utilisés, de grande taille et parfaitement équarris nous montre une quasi organisation industrielle lors de la réalisation des fortifications. 

Après une longue promenade de plus de deux heurses, nous quittons Sélinonte ; demain nous verrons la Vallée des temples d’Agrigente et après demain, si  les dieux le veulent ! nous serons devant le temple d’Apollon et le théâtre grec de Syracuse. Nous flottons dans l'espace de  la Magna Grecia. 

Nous trouvons  notre hôtel, sans trop de peine: il s'appelle  le Baglio (ce qui veut dire ferme en dialecte sicilien)  Baglio della Luna. Nous nous installons pour une nuit. Un peu plus tard, au restaurant de l’hôtel : surprise ! nous retrouvons avec plaisir, nos Luxembourgeois : Monique et Jean-Claude, près de qui nous avions dîné la veille au soir. Joyeux repas dans une spacieuse  véranda  qui donne vue sur la vallée des temples : trois nous apparaissent bien illuminés. Puis soudain, un crépitement sonore ; des trombes d’eau s'abattent sur le toit. Grosse pluie méditerranéenne, très long orage aux éclairs bleus et aux lourds ronflements qui plombent le toit résistant ! dans quel état sera la vallée demain matin ?
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samedi 9 octobre 2010

SICILE'2010-J3-samedi 9 octobre — PALERME

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L'hôtel Baglio Conca d'Oro dispose d'une "navetta", petit car d'une dizaine de places qui porte  à Palerme les clients ayant réservé  leur place. Départ à 9:00, retour à 16:00. Nous descendons juste  devant le Palais des Normands et la Chapelle Palatine, tout réjouis! mais nous déchantons rapidement car circule    l'information désolante : pour cause de nettoyage, ces deux monuments qui n'en font d'ailleurs qu'un, sont fermés.

Nullement abattus, nous appliquons le plan B : cap sur la Cathédrale ! Nous entrons dans le centre ville par le Corso Vittorio Emmanuele, puis  empruntons la belle Porta Nuova (à nos risques et périls puisqu'elle n'est pas pourvue  de trottoirs et que le trafic est intense). Enfin nous arrivons sur une vaste esplanade-jardin où ce très imposant monument nous attend. Construit en 1184, de facture siculo-normande, c'est un énorme édifice dans lequel nous pénétrons par un beau portique gothique-catalan flanqué de deux tours ; une sourate du Coran nous rappelle qu'il fut édifié sur l'emplacement d'une mosquée.Très remanié, l'intérieur nous  paraît tout de même homogène. Peu impressionnés, nous nous contentons d'une visite superficielle.


Nous poursuivons notre trajet sur le Corso V. Emm. au milieu des élèves du Lycée V. Emmanuel, entrant  et sortant des  dizaines de librairies  ouvertes sur la rue,  ce qui en dit long sur  l'appétit de lecture des Siciliens… Nous croisons la Via Manqueda au carrefour étroit  des Quatro Canti (les quatre coins) orné de   quatre palais qui rivalisent de splendeur déchue et se lorgnent dans leurs majestueux atours baroques. Puis nous atteignons la Piazza Pretoria occupée par l'imposante Fontana delle Vergogne (fontaine de la Honte car les statues dénudées des dieux et déesses offensaient la pudeur des religieuses voisines, recluses dans leur couvent ). Cette fontaine exhibant ses  beaux nus,  grandeur nature,  nous occupe un moment... avant de parvenir à la Martorana, l'église S. Maria dell'Ammiraglio, presqu'entièrement drapée d'énormes échaffaudages. L'intérieur est splendidement ouvragé et visible malgré certaines  zones masquées par des travaux : les mosaïques nous laissent éblouis !  En sortant de cet édifice byzantin,nous visitons la petite église San Cataldo qui nous  offre une remarquable synthèse intimiste d'aspects chrétiens, de réemploi antiques et d'ornementation arabe. Trois coupoles d'un rouge éteint la chapeautent rondement 


Nous parcourons  la Via Roma jusqu'à la pause-pâtisserie où nous nous régalons tout en nous reposant malgré le trafic incessant. En ce  samedi après-midi, tout est  fermé, hormis les éventaires de cadeaux pour touriste. Après quelques détours, nous tombons  sur le Palazzo Mirto, grande demeure aristocratique  ,  défraichie et déserte  qui nous  ravit et nous transporte vers un ailleurs historique. Nous avons encore le temps de flâner dans l'espace conventuel de l'abbaye degli Eremitani pourvu d'un délicieux cloître-jardin foisonnant de fleurs et de fruits. Une douce pénombre parfumée nous retient dans cet ermitage où la prière naît de la contemplation des calices délicats de ces fleurs parfaitement heureuses.




Retour fatigué vers le petit bus qui nous mène rapidement et sans hésitation vers l'hôtel où nous reprenons des forces. 


Le soir nous réserve une surprise : le restaurant de notre hôtel étant  fermé, nous devons faire quelques centaines de mètres pour nous retrouver au flambant neuf Genoardo, grand hôtel exhibant d'immense salles d'exposition,  appartenant au même patron que notre gîte : l'hôtel " Conca d'oro"  Nous faisons connaissance d'un couple de Luxos avec lequel nous sentons des affinités. Ainsi appelle-t-on couramment,  les Luxembourgeois à Bruxelles. Bon repas que suit un copieux  arrosage car il pleut à grosses gouttes ! Il en faut plus pour plomber notre bonne humeur ! 
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vendredi 8 octobre 2010

SICILE'2010-J2-vendredi 8 octobre — Ségeste & Erice

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Après un petit déjeuner copieux, nous orientons notre Panda vers l'Ouest, au programme de la journée : Ségeste et Erice ; s'il nous reste du temps  nous irons à Mozia voir le musée Whitaker que  J.-M. Blas de Roblès nous avait recommandé de ne pas manquer… conseil d'un grand connaisseur en matière d'archéologie.

Départ de  Monreale — nous avons décidé de voir  la cathédrale plus tard — après une  bonne heure de route panoramique qui requiert notre attention, nous atteignons Ségeste. Le superbe temple dorique semble intact  : 6 colonnes de face, sur les côtés 14, 36 en tout curieuse arithmétique, pourtant incontestablement juste. Les colonnes ne sont pas cannelées  car  ce temple n'aurait pas été terminé. Nous en faisons le tour ; les couleurs changeantes de la pierre nous fascinent. L'environnement  du Mont Barbaro où repose le temple, est raviné et brûlé par un été de soleil de plomb. Une navette nous épargne une montée d'un kilomètre et demi pour atteindre le théâtre qui pouvait contenir 4000 spectateurs. Il offre une vue splendide sur la vallée et le golfe de Castellammare. Les fouilles d'une ville antique et les ruines médiévales d'une mosquée, d'une église et, au sommet du mont, d'un château complètent la visite.

Ensuite nous allons à Erice, cité médiévale placée au sommet d'un piton rocheux culminant à 750 mètres au-dessus de la mer toute proche. C'est l"ancienne Eryx mythologique, fondée par Erix, fils de Vénus et de Butex, qui devint roi des Elymes, l'une des trois peuplades qui habitèrent les premiers la Sicile.

Nous laissons notre voiture sur la place Grammatico et attaquons la montée. Immédiatement nous remarquons le pavage, identique durant toute la visite, qui donne une grande unité à la ville. une succession de petites rues bordées parfois (souvent ?) de belles maisons et d'églises nous conduit au sommet où nous accueillent les châteaux. Le panarama sur Trapani, la côte et les salines est enchanteur.

Il est 16 heures lorsque nous retrouvons la Panda, Nous voulons rentrer pendant qu'il fait encore jour, il est donc trop tard pour aller à Mozia. Retour par l'autoroute, l'hôtel est toujours aussi difficile à trouver…
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SICILE'2010-J1-Jeudi 7 octobre — Voyage vers Palerme

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Voyage sans histoire vers la Trinacrie, l'île aux trois promontoires, la Sicile. Notre pimpante Clio nous a conduits jusqu'à Roissy; un airbus d'Al Italia nous dépose à Rome; Après une heure d'attente et un vol de 40 minutes, nous atterrissons à Palerme.

Rapidement, nous héritons d'une Panda qui va virevolter sur les routes sicilienne durant 10 jours. Après un bon départ sur l'autoroute qui mène vers Palerme, nous nous perdons dans cette ville tentaculaire et apprenons à connaître la conduite palermitaine, c'est fameux… une heure et demie plus tard, nous arrivons à escalader la pente qui mène à Monreale.

Enfin voici notre hôtel ; la dernière étape est  exécutée avec l'aide d'un sémillant jeune sicilien qui pour l'occasion a enfourché sa vespa.

L'hôtel Baglio Conca D'oro est superbe et réconfortant, bien  éclairé dans la nuit. Ancienne papeterie, c'est un bâtiment de belle allure, sobre et de proportions harmonieuses. Les salons sont assez fastueux, le patio reposant... la cuisine exquise servie dans une belle salle à manger.

Mais l'environnement est déplorable. À peine sortis de l'hôtel, nous nous trouvons dans un quasi tohu-bohu de voitures et de constructions anarchiques.  

Notre chambre est calme cependant car elle donne à l'arrière de la rue.
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